Non, Maxime n'était pas une exception à la règle à adorer faire les boutiques. Non, non. Mais il avait eu besoin de sortir un peu, et la grande allée de boutiques était tentante ; il s'y sentait bien. Il n'y avait pas grand monde de sortie aujourd'hui et il errait donc, observant néanmoins les vitrines. En fait, il aimait beaucoup se promener en observant les fringues. Il avait passé sa vie à faire ça : observer sans jamais avoir l'argent pour s'acheter ces costards, ces habits classes tout droit sorti d'un film de politique. Il sourit à ses propres réflexions, se dirigeant vers une autre boutique. Il flânait, le coeur léger. Il avait eu raison de venir ici ; il se sentait moins oppressé par la perte d'Ambre que d'où il venait. Là-bas, tout le ramenait à elle. Que ce soit son propre appartement où elle était venue si souvent, les rues où ils avaient errer ensemble, les restaurants où ils avaient mangé, ... trop de souvenirs qui l'abattaient de jour en jour. Ici, il se sentait revivre. Il avait le droit de respirer. Il marchait maintenant en arrière - oui il avait toujours des tendances un peu décalées - observant la rue d'où il venait. Quand, bien évidemment, il rentra dans quelqu'un.
L'appel du shopping était plus fort que tout et il ne m'avait donc pas fallut beaucoup de temps avant de me laisser tenter par une sortie en ville. Sac Louis Vuitton sur le bras, tenue accordée aux escarpins, cheveux et maquillage impeccables, je me sentais on ne peut mieux et j'étais d'excellente humeur. Certes je devais sentir le frique à dix kilomètres à la ronde mais, il faut assumer d'où l'on vient, non ? Et puis, comme on dit, l'habit ne fait pas le moine, ça ne faisait donc pas pour autant de moi une pimbêche superficielle. J'aimais juste prendre soin de moi, ce n'était pas si grave que ça, non ? J'étais rentrée dans la première boutique de marque venue. J'en ressortie trois quart d'heure plus tard avec deux grands sacs passés autour de mes poignets. Il était très rare que je rentre dans un magasin pour en ressortir bredouille. Tout ce qui me tentait, même légèrement, finissait forcément dans mon dressing qui n'était d'ailleurs pas loin d'être plein à craquer. Heureusement qu'il était grand, parce qu'avec ma fièvre acheteuse ... Enfin bref, passons. J'étais passée à la boutique suivante qui portait une enseigne que je ne connaissais pas. Je regardais donc tranquillement la vitrine, pour voir à quoi m'attendre si je décidais de rentrer à l'intérieur quand tout à coup quelqu'un me rentra dedans. Je trébuchais et me redressais dans la seconde qui suivit en plongeant mon regard dans celui de l'inconnu qui m'étais rentré dedans.
« Tu peux pas regarder où tu marches ?! » Lui dis-je un brin agressive. Et encore, il avait eut de la chance de tomber sur moi un jour où j'étais de bonne humeur. Car au fond, ça ne m'avait pas irrité tant que ça, je voulais juste faire paraître que j'étais au moins un peu énervée, j'avais des apparences à maintenir.
La première chose que me renvoya le jeune homme qui me faisait maintenant face fut un sourire amusé. Je haussais un sourcil. Sa tête ne m'était pas inconnue finalement. J'étais sûre de l'avoir déjà croisé quelque part ... Mais où ? Je me mordillai la lèvre inférieur en essayant de me rappeler d'où je le connaissais et peut-être même que son nom me reviendrait ? « Je suis désolé, je ne vous avez pas vu. » Lâcha-t-il l'air pas du tout désolé tout en passant sa main dans ses cheveux. Bon, il était plutôt séduisant mais ça ne m'empêcherais pas de rester un peu cassante, de plus j'avais l'impression qu'il se payait ma tête et je détestais ça. « Merci, j'avais remarqué. » Puis, un mot vint à mon esprit : Liberty Hill. C'était là-bas que je l'avais croisé, j'en étais sûre maintenant. Je crois même que nous avions fait le cours de mise en selle à l'académie ensemble avec une autre fille. Nous n'étions que trois, comment avais-je pu ne pas le reconnaître tout de suite ? J'avais décidément la tête ailleurs, ces derniers temps. « Vous n'avez rien, j'espère ? » Mais c'est qu'il se moquait ouvertement de moi, en plus ! Ce n'était pas méchant, loin de là et j'aimais bien les gens qui avaient de l'humour. Je commençais donc à me dérider un peu et lui offrit un sourire moqueur. « Il s'en est fallu de peu. » Rallai-je. J'essayais de me souvenir de son prénom, ça commençait pas un '' M '' je crois. Mathieu, Mark, Mike ... ? « Euhm .. Mathieu ? Ou je ne sais qui. Il faudra que tu trouves un moyen de te faire pardonner puisque tu m'as l'air d'être un parfait gentleman. » J'avais finis en haussant légèrement les sourcils, le sourire aux lèvres également. Même s'il m'avait l'air aussi sympathique, il n'allait pas s'en tirer aussi facilement. D'accord, il n'avait rien fait de mal, mais j'aimais bien mettre les gens dans des situations un peu bizarres.
« Déjà, non c'est pas Mathieu. Raté. Je te laisse chercher. Et toi c'est quelque chose comme Kimberly, non ? » Oui, bon je l'admet, j'avais dis Mathieu mais je savais très bien que ce n'était pas ça. Par contre j'étais à peu près sûre que c'était quelque chose qui s'en rapprochait, qui commençait par '' Ma '' - quelque chose, non ? Je n'allais pas me casser la tête pour ça, son nom me reviendrait sûrement au fil de la conversation. Et puis c'était de bonne guerre : lui non plus ne se souvenait pas du mien et ce n'était pas plus mal. « Non plus. Kimberly c'était l'autre fille du cours. » Je n'avais pas besoin de m'étaler, j'étais persuadée que '' Ma '' - quelque chose savait très bien de quel c ours je voulais parler. « Eh bien, que veux-tu donc comme dédommagement ? » Je souris franchement. Il paraissait tout de suite un peu moins sûr de lui, étrangement. Je n'allais en aucun cas lui demander de me payer quelque chose, même pas un verre. Déjà je n'avais nullement besoin qu'on paye quelque chose à ma place, j'avais bien assez d'argent pour m'acheter tout ce que je veux et mon interlocuteur n'avait pas non plus l'air plein au as, je n'allais donc pas le ruiner. Je regardais autour de moi, cherchant ce que j'allais bien pouvoir lui faire faire. Oui, parce que j'avais bien décider de lui faire faire quelque chose et non pas faire acheter. Mon regard s'arrêta sur la vitrine que je regardais quelque instants plus tôt et ce fut comme si une ampoule s'allumait au dessus de ma tête. Un sourire ravie étira un peu plus mes lèvres. Ça allait enfin devenir intéressant. « Tu vas rentrer dans ce magasin et prendre le haut le plus cher que tu trouveras. J'espère que tu es sportif car ils ont tous des anti-vols alors prépare-toi à courir. Je t'attendrais dehors. » J'en rigolais d'avance. Je lui indiquais d'un mouvement de tête le magasin, qui était bien entendu hors de prix, sinon ce n'était pas drôle puis je me plaçais près de la porte et retirais mes escarpins et les mis dans mon sac de shopping. J'étais désormais pieds nus. Oui, vous imaginez bien que courir avec des escarpins, c'est pas le truc le plus pratique du monde.
Les yeux de '' Ma '' se mirent à briller de malice. Tant mieux, c'était exactement la réaction de j'attendais. Les peureux qui n'osent pas faire la moindre connerie pour une montée d'adrénaline, très peu pour moi. Ça me confortait dans le fait qu'il n'avait pas froid aux yeux. « Marché conclus. Sache que si tu ne coures pas aussi vite que moi, c'est toi qu'ils choperont. Tiens-toi prête, dès que tu entends sonner le détecteur, cours déjà. » Sa mise en garde me fit sourire. C'était lui qui me donnait des conseils sur la façon dont j'allais devoir me comporter alors que c'était moi qui avait proposer de faire ce que nous allons faire dans quelques instants. C'était comique, quand même. « T'inquiète pas pour moi. Je sais me débrouiller. » Je courais plutôt vite, étant jeune, j'étais douée en athlétisme je ne me faisais donc pas trop de soucis là-dessus et au pire, si je me faisais prendre je pourrais toujours dire que je n'avais rien à voir là-dedans, que j'avais pris peur et que c'était la raison pour laquelle je m'étais enfuie en courant. Un petit sourire charmeur et ce serait dans la poche. Je le regardais entrer dans le magasin et me tournait vers la vitrine, faisant mine d'observer une seconde fois les vêtements affichés sur les mannequins. Du coin de l'oeil, je le regardais faire de l'autre côté de la vitre. Il était plutôt doué et ne laissait rien paraître, plutôt impressionnant. Il farfouilla dans les rayons à la recherche du haut que je lui avait demandé. Il parut satisfait de lui et se dirigea vers la caisse. Rusé. Puis il passa à l'action. Les alarmes se déclenchèrent et résonnèrent jusqu'au dehors du magasin, fort et ininterrompus comme la sirène des ambulances. Mon sang ne fit qu'un tour et je bondis en avant avant de me mettre à courir. Il déboula du magasin dans l'instant qui suivit, le haut à la main. Un mec de la sécurité apparut quelques secondes derrière lui. Maintenant je n'avais plus qu'une chose en tête : courir. Et mon rire résonnait derrière moi. Ça faisait un bien fou d'enfreindre les règles. '' Ma '' me rattrapa peu de temps après et nous courûmes côte à côte comme si notre vie en dépendait. Je donnais tout ce que j'avais, ce serait trop humiliant de me faire distancer. Nous bifurquâmes dans une ruelle, slalomant entre un petit groupe de personne, puis tournâmes dans une autre et répétâmes cela plusieurs fois. Enfin, on avait finis par semer les gars de la sécurité. Nous nous trouvions maintenant dans une ruelle étroite et complètement déserte. Essoufflée, le cœur battant, je continuais de rire. L'adrénaline était toujours bien présente et je me sentais comme euphorique. On s'en était sorti haut la main.
Voir que je n'étais pas la seule à être à la limite de cracher mes poumons me rassurait. C'est dans ces moments-là qu'on regrette toutes les clopes fumées en soirée ou quand ça va pas bien. Heureusement que je n'y étais pas vraiment accroc. Je n'aime pas dépendre de quelqu'un et encore moins de quelque chose. Maxime semblait tout aussi essoufflé que moi mais au moins tout aussi ravi de se qu'il venait d'accomplir. Quelque chose fit tilt dans ma tête, voilà son prénom ! C'était bien Maxime; j'en étais à peu près sûre. C'était peut-être la course poursuite qui m'avait remis les idées en place où qui m'avait simplement rafraichis les idées, mais son nom m'était revenu comme ça d'un coup. J'attendis de retrouver une respiration régulière avant de parler. « Maxime. Ton nom c'est Maxime. » Lâchais-je entre deux inspirations. Maxime finit donc par me tendre le haut qu'il venait de voler avec un sourire victorieux. Il était visiblement fier de lui. Je lui souris en retour. On s'était bien amusé. Je pris le haut et le regarda sous toute les coutures. Mouais ... Pas du tout mon style. « Le pire, c'est qu'il est moche. » Lui dis-je en souriant toujours. Je lui tendis à nouveau. Il coûtait une petite fortune et puisqu'il avait fait tout le boulot, il méritait de le garder. S'il avait une copine, elle serait sûrement heureuse qu'il lui offre un haut aussi cher. De toute façon, si ça ne tenait qu'à moi, je l'aurais déjà jeter. « Gardes-le et offre-le à quelqu'un. » Lui dis-je. Et c'est dans ces moments là qu'on se rend compte que je ne suis pas si méchante que ça. « Alors, je supposes qu'on est quitte maintenant ? »
« En effet, c'est bien ça. Tes neurones fonctionnent plus quand tu es en mouvement ? » Je ris de bon cœur, comprenant qu'il plaisantait. Jusqu'à présent on ne s'était jamais pleins de mon sens de l'humour. En effet je n'étais pas du genre à prendre mal quelque chose et j'étais la première à rire de moi-même. J'adorais les blagues d'ailleurs, surtout quand j'en étais l'auteur, bien évidemment. « Il faut croire que oui. Mes neurones sont mieux connectés, je crois. » Lui répondis-je. « Par contre, pardonne-moi mais ce n'est pas le cas des miens; je ne me souviens toujours pas de ton nom. » Je souris, moqueuse. Il pouvait bien parler de mes neurones ! J'avais décidé de le laisser mariner un peu et de ne pas lui lâcher mon prénom comme ça. Pourquoi ? Aucune idée. Une envie soudaine, comme ça. De toute façon, je me doutais qu'on ne serait pas sans se croiser à Liberty Hill et si nous refaisions un cours ensemble, ce qui était très probable, il saurait mon nom bien assez tôt. Maxime s'éloigna un peu, le haut à la main et alla le déposer sur une barrière. A mon avis, il n'allait pas rester là longtemps avant que quelqu'un ne le remarque, regarde l'étiquette et se rende compte du prix qu'il coûtait. Antivol toujours en place, ou pas. Visiblement, il n'avait personne à qui l'offrir. Intéressant à savoir. « Je crois bien oui, il me semble que j'ai honoré ma part du défi pour t'avoir bousculé tout à l'heure. Satisfaite ? » C'était un jeu pour moi. En effet, j'aurais pu tout simplement accepter les excuses qu'il me présentait plutôt que de lancer un pari complètement débile pour le pardonner. Mais il faut avouer que c'est plutôt distrayant de faire une course folle pour semer les agents de sécurité d'une grande enseigne de vêtement, non ? « Ouais. Tu t'en est bien sorti, je te félicite. Regarde où tu marches la prochaine fois, je ne voudrais pas que tu finisses au poste de police du coin pour avoir fait une autre connerie pour m'avoir bousculée. » Lui dis-je en riant.
« Avoue que tu ne m'aurais jamais demandé ça si tu pensais que je pourrais finir au poste de police. » Me lança Maxime en souriant. Je lui souris à mon tour, on ne peut plus amusée. Le pire c'est qu'il paraissait réellement croire ce qu'il disait. On devinait facilement qu'il n'était pas habituée à me fréquenter. Je n'avais pas froid aux yeux et finir au poste ne me faisait pas peur. Y envoyer quelqu'un -un presque inconnu-, ne m'aurait pas déranger non plus. Du moment que l'on s'amusait ... Et qu'on ne faisait rien de grave non plus car oui quand même j'avais des limites, ne me faites pas dire ce que je n'ai pas dit ! Mais je veux dire par là que si par exemple Maxime se serait fait choppé, et peut-être moi par la même occasion, ça ne m'aurait pas gênée le moins du monde. Il y avait des choses bien plus grave dans le monde mais je ne m'étendrais pas là-dessus. De plus comme je le disais souvent, on a qu'une vie ... Il faut savoir en profiter ! Un jour je serais trop vieille pour ce genre de connerie mais pour l'instant je vivais ma vie à fond. J'étais trop bien placée -malheureusement et à mon grand désespoir..- pour savoir que tout pouvait basculer du jour au lendemain ... Donc inutile de gâcher du temps à se prendre la tête. « Ah ! Tu me connais bien mal. » Lâchais-je le sourire aux lèvres. En effet, comme précisé plus haut rien ne m'arrêtait et j'en aurais été parfaitement capable mais je ne suis pas une méchante fille non plus, ni une peste d'ailleurs : je ne l'aurais pas laissé dans la merde. J'aurais bien trouvé un moyen de le faire sortir de là sans encombres, avec un peu de charme ou un petit pot de vin. C'était tellement simple de soudoyer un policier quand la faute commise n'était pas grave du tout. S'en était presque amusant. Donc, pour conclure, je ne me faisais aucun soucis pour ça. « Bon, et en récompense, j'ai le droit d'avoir ton prénom ou non ? » Je haussais les épaules. « Je ne suis pas sûre. » Puis je rigolais. Je ne voulais pas le mettre à bout de nerf non plus, je lui avait déjà fait subir pas mal alors qu'on venait à peine de se rencontrer. « Kiara, enchantée. » Finis-je par dire en faisant une petite courbette exagérée sans me départir de mon sourire.
Contenu sponsorisé
Sujet: Re: Découverte solitaire ?
Découverte solitaire ?
Page 1 sur 1
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum