Mais elle ne broncha pas, et fixait toujours ses beaux yeux bleus. Plus qu'amusée par la mise en scène de l'arrivant, elle voulait se prendre pleinement au jeu. Elle posa son coude sur la table, et chuchota à l'oreille du brun : « Lindsey. Et toi ? » Elle jeta un regard au serveur, qui semblait vraiment paummé. Elle ne put s'empêcher de rire. Enfin, elle reposa son regard sur son copain ( ). Quand tout à coup, elle rapprocha sa chaise de lui, et passa son bras autour du cou du beau brun. Elle non plus était sans gêne. Et de toutes façons, il fallait se prendre au jeu. Et puis, ça ne la dérangeait vraiment pas de faire ça, au contraire. Elle aimait beaucoup. Tout à coup, son portable vibra dans sa poche. Etonnée, elle le saisit de sa main droite et ... voila un nouveau message de son père. "S'il te plait, pardonne ton vieux père. Il n'avait pas toute sa tête quand il t'a... violée. Je t'aime plus que tout, Lindsey. Pardonne-moi..." Non. Cette fois ci, c'en était trop. Elle soupira, vraiment énervée, et éteint son portable. Elle ne l'allumerait pas avant ce soir : voir des messages de son père lui faisait plus de mal qu'autre chose. Elle remit en place ses cheveux, et se retourna vers le beau brun, lui affichant un magnifique sourire, mine de rien. Il ne fallait pas qu'il s'aperçoive de sa faiblesse. Et il fallait encore moins qu'il lui pose des questions, ça pourrait tourner très mal, sinon.

Elle se mit à son tour à l'aise dans sa chaise. Elle commença à manger son saumon fumé, versant son jus de citron dessus. Elle n'écoutait qu'à peine ce que Maxime était en train de dire. Son esprit était resté sur la réponse de son père. C'est la question du brun qui la réveilla soudainement. Elle lui sourit « Un admirateur qui n'arrête pas de me harceler. » finit-elle par mentir, essayant de prendre un air naturel. Elle avait l'habitude de mentir, mais là, ça la mettait mal à l'aise. Elle lui lança un autre sourire, et continua à manger. La nourriture était vraiment bonne, contrairement à ce qu'elle avait pensé. Son bras passa discrètement dans sa poche, et elle ralluma son portable. Elle n'avait pas la patience d'attendre ce soir, elle voulait répondre à son père. Elle lui envoya un texto, qui avait tout d'une réponse menaçante " Ecoute. T'es qu'un sale con, ok ? Tu crois vraiment que je t'ai pardonné ?!! Connard va. Si tu me renvois, ne serait-ce qu'un message, tu le regretteras amèrement. " Elle referma le portable, se sentant étrangement mieux. Elle pouvait se défouler sur lui. Puis, pour ne pas paraitre vraiment ailleurs, elle lança un regard à Maxime. « Au fait, oui, quand tu n'étais pas là je lui ai lancé un regard qui ne l'a pas laissé indifférent. » dit-elle en faisant allusion au serveur, qui les observait toujours. Elle mit sa mèche devant un de ses yeux, et observa discrètement le brun assis à en face d'elle. Elle l'aimait bien.

Elle se détendit, et finit rapidement son saumon. « Exactement. Tu sais, je peux pas m'empêcher de charmer les hommes. Mais ils n'ont aucune chance avec moi. » dit-elle en rigolant. Quand le serveur approcha de leur table, il lança un regard jaloux à Maxime, ce qui fit rigoler Lindsey, intérieurement bien sûr, pour ne pas trahir leur petit jeu. Ensuite, le brun lança une phrase pleines de sous entendus, et la blonde guetta la réaction du serveur. « J'ai déjà hâte. » souffle-t-elle, plongeant alors son regard dans celui de son 'copain'. Le brun remonta son pied sur le mollet de Lindsey, ce qui ne lui déplaisait pas. Quand elle entendit l'assiette se briser, elle gloussa dans son coin, et jeta une nouvelle fois un regard plein de charme au pauvre homme, qui la fixait toujours. Elle ne put s'empêcher de soupirer. Cet homme était tellement naïf. Elle secoua la tête pour remettre ses cheveux en place, et elle plaça son attention sur le brun aux yeux bleus. « C'est vraiment marrant de lui faire croire des choses... il est tellement naïf. » murmura-t-elle en se penchant sur la table. Elle attrapa sa main au passage, comme un couple le ferait, et lança un autre petit regard au serveur qui semblait rager. Tant mieux, c'était le but. Elle se servit un verre d'eau de l'autre main, et commença à boire, lentement. Et pour mettre un peu d'action, elle le vit tomber, et fit mine d'être embarrassée. « Serveur ! J'ai cassé un verre. » cria-t-elle alors. Tous le monde les regardait désormais, et Lindsay adorait être la vedette. Le serveur accourut pour ramasser les morceaux de verre, au pied de la blonde.

Lindsey observa la scène, et quand le serveur fut partit, elle éclata de rire. Elle entendit aussi les autres personnes en train de manger, rigoler à leur tour. La jolie blonde observa son camarade, un étrange sourire accroché à ses lèvres. Puis, pour rigoler, elle demanda « T'es vraiment jaloux ou tu te joues au jeu ? » en chuchotant, pour que personne d'autre à part eux n'entende. Quand Maxime posa sa main sur sa cuisse, elle se laissa faire, docile, et posa même sa main sur la sienne. Le serveur apporta la carte des desserts, mais désormais, Lindsey en avait marre de ce petit jeu avec lui. Oui, elle se lassait vite. « Au fait. Je ne sais pas ce que tu pensais de moi, mais t'as aucune chance mon pauvre. Je suis déjà prise, et j'aime mon copain. » lâcha-t-elle sèchement, lançant un regard doux au brun. Le serveur recula, et baissa la tête, matant discrètement les seins de la jeune. Mais Lindsey, qui avait malheureusement remarqué, se leva, et le gifla. Elle se rassit, ignorant désormais le serveur. « Tu veux quoi, mon chéri ? » demanda-t-elle en lui passant la carte des desserts. Son portable vibra dans sa poche. Étrangement calme, elle le sortit et... surprise. Un message de son père. " Moi qui voulais êtres gentil avec toi... je sais où tu es. T'inquiètes pas, je viendrai. Et tu regretteras tes paroles, fille. " Le regard de la blonde passa soudain de l'amusement à la peur. Elle ne se laissera jamais faire par son père, mais elle avait peur. D'affreux souvenirs lui revinrent. Le viol. La mort de sa mère. Ses amis la rejetant. Elle baissa la tête, et laissa tomber son portable qui partit en pièce. La batterie d'un coté, le reste de l'autre. A chaque voiture passant dehors, elle se retournait, de peur à voir son père arriver dans le restaurant. Pourquoi faisait-il ça ? Il n'avait qu'à embaucher des prostituées pour lui. Pourquoi ça devait être sa fille ?

Elle n'écoutait presque plus rien. Le restaurent était calme, mais elle entendait pleins de bruits. Tout sonnait deux fois plus forts dans sa tête. Elle qui ne voulait rien laisser paraître, c'était râpé. Quand Maxime lui prit les épaules, elle hésita. Soit tout lui raconter, et passer pour une fille sensible. Ou bien lui mentir et garder sa réputation. « On me suit. » lâcha-t-elle simplement, détournant le regard. Ce n'était pas un mensonge. Son père était sûrement en route pour la rejoindre. Heureusement, il ne savait pas qu'elle était dans un restaurant. Elle se fit toute petite, et fixa anxieusement la rue. Le serveur arriva pour prendre commende, mais Lindsey ne le remarqua pas. Elle était trop angoissée. Soudain, une voiture rouge se gara devant le restaurant. Les larmes montèrent aux yeux de la blonde, mais elle soupira de soulagement quand elle vit sortir un enfant accompagné de sa mère de la voiture. Lindsey se retourna pour faire face à Maxime, ne voyant toujours pas le serveur. « Euh... que voulez-vous comme dessert ? » demanda le pauvre homme, tout déboussolé. La blonde répondit sans même lui adresser un regard « Deux profiteroles. » répondit-elle sèchement, les yeux toujours braqués sur Maxime. Elle ne bougeait pas, et était raide comme une épingle. Qu'allait-il se passer quand son père débarquerait ici ? Peut être ça n'arrivera jamais. Peut être.

Lindsay lâcha un soupir. Elle pensait que c'était encore des paroles en l'air, mais, étrangement se sentit rassurée. Quand il lui serra la main, elle serra encore plus fort. Elle lui faisait peut être mal, mais elle s'en fichait. Ça la calmait. Un peu plus tard, le serveur apporta les profiteroles, mais elle ne lui adressait plus un regard. Elle refusait de lâcher la main de Maxime, comme si elle ne se sentait en sécurité qu'en lui tenant la main. Elle ramassa son portable de l'autre main, plaça la batterie à l'intérieur et l'alluma. Elle montra alors tous les messages reçus de la part de son père. Elle agissait sans réfléchir, et ne savait même pas pourquoi elle lui montrait ça. Après tout, ça ne le regardait pas. Mais ça la soulageait. « Tu comprends ? » lâche-t-elle, d'une voix étonnement douce. Elle dégagea ensuite sa main, et commença à manger ses profiteroles, gardant toujours un oeil sur Maxime. Sur ses yeux saphirs. Elle enfila sa veste, car elle fut prise de frissons. Maintenant, elle avait froid. Elle était glacée, gelée jusqu'aux os. Pourquoi ? Parce qu'elle avait aperçu son père dans la rue. Il ne regardait pas en direction du restaurent, heureusement. Mais pourquoi la suivait-elle, merde ? « Excuse-moi, je dois aller aux toilettes. » dit-elle en se levant en vitesse, se dirigeant vers les toilettes. Là, elle s'enferma à l'intérieur et faillit vomir. Elle pensait, déjà son père, mais à Maxime, qu'elle avait laissé en plan à la table.

La blonde était dans les toilettes, et n'entendait plus rien. Son père lui gâchait toute sa vie. Elle avait perdu sa virginité à cause de lui, et maintenant, il la poursuivait. Elle espérait de tout son coeur qu'il ne soit pas rentré dans le restaurant. Mais elle se trompait. Elle entendit vaguement sa voix. Les larmes coulèrent le long de ses joues, et serrait fort fort son portable. Mais ça le l'apaisait pas. Elle voulait serrer la main de Maxime, là. Tout de suite. Mais elle ne pouvait pas. Soudain, elle entendit des pas, se rapprochant des toilettes. Tout de suite, son coeur s'emballa, et elle se mit à trembler. Peut être était-ce Maxime ? se disait-elle pour se rassurer. Mais elle n'entendit pas sa voix. Et d'un coup, un coup de poing se fit entendre. Tout de suite, elle pensa que son père avait tapé Maxime, et cela la fit enrager. Elle entrouvrit la porte, et vit son père tout près d'elle, aux côtés de Maxime qui venait de lui donner un coup dan le visage. Que devait-elle faire ? Rejoindre les deux hommes, ou rester là, dans sa cabine ? Quand soudain, elle eut une idée. Elle referma la porte des toilettes à clef, et appela la police. Mais ça sonnait occupé. Lindsey enragea. La police n'avait pas comme devoir d'aider les autres ? C'était inadmissible. La blonde était dans sa cabine, entendant son père crier. Que faire, dieu ? Puis, elle aperçut quelque chose de brillant par terre. Un bout de fer. Super. Elle le ramassa, et ouvrit la porte. Elle se jeta sur son père, le bout de fer à la main. Elle réussit à le plaquer au sol, il avait été pris par surprise. La blonde enfonça son bout de fer dans le bras de l'homme, le faisant saigner abondamment. Il cria de douleur, mais elle s'en fichait. « Tu n'oserais pas... me tuer. » lâcha son père. Elle ne répondit pas, et lui donna un coup de pied dans les parties. Il hurla, mais elle lui donna un coup de poing dans le nez, ce qui le fit saigner. En était-elle arrivée à un point où elle devait tuer son propre père ? Elle se releva, et lui donna un autre coup de pied dans les parties, grinçant des dents. Ensuite, elle souleva mit son pied sur le visage de son père, ce qui le fit souffrir car c'était des talons. Elle ne voulait pas tuer. Elle voulait juste faire souffrir. Le torturer pour tout ce qu'il a fait. Elle se retourna vers Maxime, le pied toujours sur son père. Bizarrement, elle lui sourit, plus que soulagée. « Merci. » souffla-t-elle d'une voix pleine de douceur. Son père lâcha un rire moqueur, malgré ses souffrances. « C'est ton... nouveau copain ? » dit-il d'un air dédaigneux et moqueur. Lindsey lui donna un coup de pied, et ses yeux se fermèrent. Était-il mort ? Ou était-il tombé dans les pommes ? Peu importe. Elle enleva son pied, et fixa Maxime, les yeux pleins de larmes. Sans réfléchir, elle se rapprocha de lui et l'enlaça. « Merci. » répéta-t-elle une nouvelle fois, pleurant sur son épaule. De bonheur, de soulagement. Ce qu'elle ne vit pas, c'était que tout le restaurent les regardait.

La tempête était passée, mais tout restait flou dans la tête de Lindsey. Elle suivit Maxime, docile, ne jetant même pas un regard à son père, gisant sur le sol. Quand ils partirent du restaurent, elle fut soulagée. Ce n'est que il la prit dans ses bras qu'elle se rendit compte de la situation. Elle le serra contre elle, et retrouva peu à peu son petit sourire habituel. « Je t'ai mêlé à une histoire qui ne te regarde pas. Je suis désolée. En plus, mon père risque de t'en vouloir. » murmura-t-elle, toujours serrée contre Maxime. Elle jeta un coup d'oeil aux alentours, voir si personne ne les regardait. Mais non, il n'y avait personne. Ils étaient seuls dans une ruelle sombre et lugubre. « Je te dois quelque chose, Maxime. Tu m'as sauvé la vie en commençant à le taper. Sans toi, je serais peut être morte. Ou alors il m'aurait violée une nouvelle fois. J'ai une dette envers toi. » murmura-t-elle à son oreille, laissant la chaleur corporelle de Maxime l'envahir. Elle avait sa veste sur ses épaules, et se sentait bien. Elle ne s'était jamais sentie aussi bien. Elle le serra encore plus contre elle, et lui sourit. Ce même sourire que la première fois qu'ils s'étaient vus dans ce restaurant.

Lindsey rigola à la phrase du brun. Elle avait repris sa confiance habituelle. « Que crois-tu ? Une jolie fille comme moi ne se laisserait faire marcher sur les pieds ! T'inquiètes, j'ai rien. » répond-elle, le sourire accroché aux lèvres. En lui donnant un petit coup, elle rajouta « Tu sais, on est plus obligés de jouer le jeu. » souffla-t-elle pour rigoler. Quand soudain, elle vit un étranger passer dans la ruelle, les dévisageant. C'était un homme, âgé de 30 ans à peu près. Il se rapprocha d'eux, le visage pâle. « C'est bien vous qui étiez dans le restaurant ? Un homme aimerait vous voir. » dit-il, la voix tremblante. S'agissait-il du père ? Ou alors du chef du restaurant, qui demandait des explications ? La blonde secoua la tête de gauche à droite, et demanda d'une voix claire « De qui s'agit-il ? » L'inconnu ne répondit pas, et fila en direction du restaurant. Pourquoi était-il soudainement parti ? Il y a des gens bizarres quand même. Elle se tourna vers Maxime et rigola. Elle était amusée par le comportement de l'homme qui venait de venir. « Alors, on fait quoi maintenant ? » demande-t-elle les yeux pétillants.

Mais voyant le sérieux de Maxime, elle arrêta de rigoler. Quand il lui prit la main et la tira vers un parc, elle le suivit. Il s'assit, mais elle resta debout devant lui. Elle maintint son regard, et finit par souffler « Tu as peur, hein ? » d'une voix pleine de douceur. Elle remit ses cheveux en place avant de jeter un coup d'oeil au ciel. Le ciel était orné de milliers d'étoiles, et la lune était si fine qu'on ne la distinguait qu'à peine. Enfin, elle reposa son attention sur Maxime. Elle savait qu'il avait couru un risque en tapant son père, mais il ne lui arriverait rien. Au pire, elle n'aura qu'à dire la vérité. Après tout, c'était son père qui l'avait violée. Ça devrait être lui le criminel. Elle posa son regard sur le parc. Des jeux d'enfants vides, un étang noir, et il n'y avait personne. Personne à part eux. Elle resta debout et lança un regard interrogateur au brun assis sur le banc. Elle voulait savoir à quoi il pensait. Savoir s'il avait vraiment peur. Savoir pourquoi il avait attaqué le père, en sachant qu'il prendrait des risques. Tous les souvenirs lui remontèrent à la tête. Le début dans le restaurant, quand Maxime était arrivé en courant. Ensuite, les sms du père. Puis son arrivée, et enfin le combat. Sale merde. Ca lui faisait plaisir de détruire la vie de quelqu'un comme ça ? Il avait déjà tué la mère. Et maintenant il torturait sa fille ? Non. Pour l'instant, il était inconscient, hors d'état de nuire. Heureusement.

Lindsey s'assit à ses côtés, et se mit à l'aise. Il se faisait tard, elle ferait sûrement une nuit blanche. « Pourquoi ? Il t'a fait du mal ? » Elle savait que ce n'était pas du tout ses affaires, mais sa curiosité l'emporta. Elle comprendrait très bien si il la remballait. Son portable vibra encore dans sa poche. Elle regarda ses messages, et soupira de soulagement. C'était une ancienne amie qui lui demandait des nouvelles. Mais ce n'était pas le moment. Elle referma le portable et le remit dans sa poche. Puis, elle enleva ses chaussures, comme si elle était chez elle. Après tout, ils étaient seuls. Alors, pourquoi se gêner ? Elle croisa ses jambes, et repensa à son passé. Encore, et encore. Surtout à sa mère qui était morte quand elle n'était qu'une enfant. Morte, battue par son mari. Et il le paiera. Lindsey se vengera, coûte que coûte. Seuls à seuls. Elle se retourna, et crut voir les yeux de son père les observer dans la pénombre. Mais ce n'était seulement que la fatigue qui lui créait des hallucinations.